Ding. Cette sonnerie. Cela faisait quatre mois qu'elle n'avait pas retenti. Quatre longs mois où nous étions tous bloqués dans les « mondes de Layton » comme s'amusait à dire Randall au Central. Quatre mois que je n'avais pas remis les pieds au Puzzle Bar et que la compétition féroce entre mon bar et le O'Waluigi avait été arrêtée. C'était peut-être une bonne chose après tout. Je n'avais pas eu à canaliser le trop gros flot de compétitivité et d'énergie de Randall.
C'était aussi quatre longs mois où on se regardait en chien de faïence avec Luke et les autres. Avec Claire (mais ce n'était franchement pas bien grave, elle était beaucoup plus sympathique dans le Destin Perdu qu'en réalité). Et surtout avec Emmy. Compliqué lorsque vous sortez avec l'une de vos partenaires de jeu et que, coincé dans votre jeu-vidéo, vous ne pouviez rien faire, rien dire et rien bouger. Seules vos pensées sont libres et au bout d'un moment, cela devient pesant. Voilà à peu près comment j'ai vécu ces quatre mois : pesant, au bout d'un moment.

Mais tout ceci était révolu maintenant, le Central rouvrait après quatre mois de fermeture impromptue. J'étais devant la porte et je me sentais bien étrange. Stressé ? Peut-être. Mais sans aucune raison particulière. Je n'avais rien eu à me reprocher ces quatre derniers moi coincé dans mon jeu vidéo. Alors de quoi avais-je peur ? De trouver le Central radicalement changé ? De me rendre compte que toutes les personnes qui comptaient pour moi quatre mois auparavant avaient changé ? Un mélange des deux sûrement.
Puis les portes s'ouvrirent, laissant place au même hall du Central que chaque personnage de jeu connaissait. Et je me sentais enfin libre dans mes mouvements. Sensation étrange pendant les premières secondes mais libératrice. Et la première chose que je fis, fut de retirer le haut-de-forme pour laisser respirer ma tête. Après quatre mois de port intensif de ce chapeau passé de mode depuis des années, je n'en pouvais plus, il m'horripilait. Je n'eus cependant pas le temps de soupirer de soulagement ou de dire « Enfin ! » que l'on s'adressait à moi. Et pas n'importe qui. Cette voix m'était familière. Trop peut-être car je pouvais la reconnaître entre mille.

« On ne te changera donc jamais avec ce chapeau. »

Je me retournais vers la voix, mon haut-de-forme sous l’aisselle gauche, ma main droite attrapant la main gauche de mon interlocutrice, le tout en esquissant un sourire.

« - Depuis quand est-ce que tu aimes ce chapeau d'abord toi ? , répondis-je à la brunette aux yeux malicieux que je gratifiais d'un baiser sur les lèvres -ça faisait vraiment trop longtemps- qui n'était autre qu'Emmy, en attendant qu'elle réponde.
- Depuis que je me suis habituée à te voir dans ce costume non-stop depuis quatre mois mon cher ! »

Elle marquait un point. Il était vrai qu'en quatre mois, on s'habituait à voir les personnes de son jeu avec le même accoutrement. A tel point qu'on pouvait même être capable d'en oublier comme ils étaient en réalité. Il y avait la tenue jaune d'Emmy mais aussi, par exemple, la taille et le comportement de Luke. Dans le Central, Luke est beaucoup plus vieux et beaucoup plus grand que le modèle se trouvant à mes côtés à chacune de mes enquêtes. D'ailleurs, où était-il passé celui-là ? Tant pis, je le reverrai plus tard.

Je soupirais de soulagement. Le Central tel que nous le connaissions tous n'avait pas tant changé que cela. Plus on avançait dans ces anciens lieux familiers et plus on se rendait compte des changements. Et pourtant, on ne pouvait s'empêcher de se sentir comme chez soi, en sécurité. Je ne pouvais m'empêcher de me sentir à la maison, rentré après un trop long voyage autour du monde. Il faudrait reprendre mes marques, mes habitudes et recommencer cette vie qui avait été mise entre parenthèses de façon impromptue pendant quatre mois.

Un cri, un sursaut de ma part et une voix enjoué me firent sortir de mes pensées. Randall. Normal, ce n'aurait pas pu être quelqu'un d'autre.

« Hershel ! T'as vu, ça claque ce nouveau Central ! Bon, parlons bien, parlons efficace : tu es prêt à leur refaire mordre la poussière à ses débiles du O'Waluigi ? »

Incorrigible celui-là, ne pus-je m'empêcher de penser. Il avait le sens des priorités parfois, c'était fou.

« - Moi aussi, ça fait plaisir de pouvoir te reparler Randall, rétorquai-je avec ce même sourire qui ne me quittait pas, amusé. Tu ne veux pas te poser et profiter de ce nouveau Central avant de repartir dans tes plans étranges pour les faire tomber ?
- Mon cher Hershel, on a perdu quatre mois, on ne peut plus se permettre de perdre encore plus de temps ! Tu verras, tu me remercieras un jour ! »

Et il s'enfuit en courant, sûrement direction le bar, alors que je roulais des yeux, mi-consterné mi-amusé. Ce n'était pas comme si je ne connaissais pas mon meilleur ami après tout. Mais de temps en temps, ce serait une bonne chose de lui enlever ses piles.

« Et rebienvenue au Central mon petit Hershel »

Le retour de tous à Central, du moins sa réouverture. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. Sparx était à côté de moi, nous allions tous les deux nous rendre là bas ensemble. On savait que pendant un certain temps on ne pourrait plus rentrer de notre jeu vidéo. Je dois dire que j’étais bien content que Central réouvre j’avais à faire. Je ne suis pas aussi mignon que dans mon jeu, je peux parfois avoir quelques côtés méchants et désagréables. Mais dans l’ensemble on arrive à m’apprécier. Cela faisait quatre mois que le Central était fermé, j’avais envie d’aller au bar pour me désaltérer un peu. Chasseur était aussi à mes côtés il n’avait qu’une envie aller draguer un peu. Il avait aussi ramené Bianca sa petite amie. Les créateurs lui avaient donné une jolie jeune femme, c’était injuste moi on m’en avait pas vraiment donné. J’ai bien sur eu quelques flirts mais cela s’arrête ici. J’étais bien content.

A chaque fois que je sors du jeu je vois non loin de moi Mario et toute sa clique. Je ne suis pas jaloux de lui mais il a quand même beaucoup de succès. Mais de toute manière je sais que je suis un personnage moi aussi apprécié des joueurs. Bon allez, un, deux, trois .. Bonjour le Central ! J’étais enfin arrivé à cet endroit que j’aimais tant et ou je sais que je pourrais me détendre tranquillement. J’ai aussi mon travail qui m’attend plus ou moins, je suis responsable des jeux au casino. J’essaie de draguer autant que je peux. J’ai déjà vu la princesse Zelda, elle a l’air si prude elle ne me donne pas envie d’aller la voir. Je pense que Link ne serait pas du tout d’accord de toute manière. C’est parti après quatre mois la détente est à moi !


Je pouvais voir également tous mes voisins. Nous étions presque tous au rendez vous j’ai l’impression. Je n’avais qu’une envie, pouvoir aller voir mes amis. Il faut savoir que dans Central je ne suis pas vraiment ami avec toute ma bande. Pour dire, j’ai pris plus d’une bière avec Ripto. Nous sommes presque amis à vrai dire. Il ne faut pas avoir honte de parler avec ses ennemis. Parfois avec Chasseur on se prend la tête rien de méchant mais il est assez susceptible. Pareil avec Elora il ne faut pas l’énerver sinon elle s’énerve et peut te mordre, véridique ! Mon travail m’attends aussi il faut que je me bouge un peu le popotin !

Un souffle, un soupire. Un long soupire. Liberté, ô belle liberté qui t'as tant manquée. Tu sens la pression sur tes épaules s'envoler doucement, ton corps reprendre les mouvements qu'il souhaite faire, tes doigts se desserrés sur le pan de ta robe que tu as envie de déchirer. Tu humidifie tes lèvres et soupire à nouveau longuement. Ton corps est en manque, il réagit, mal, et tu ne sais que faire pour le calmer, mais la présence à côté de toi te rassure et te guide. Pendant ces quatre mois, ta drogue avait eu le nom de Bowser. La seule à quoi tu aurais pu t'accrocher avait été son regard qui te supplier de patienter, de tenir le coup. De toute façon, tu n'avais pas le choix, ton corps emprisonné dans un personnage que tu n'apprécie pas. Princesse mes fesses, tu n'étais pas elle et elle n'étais pas toi, et enfin tu peux à nouveau prendre tes distances avec cette Peach que tu détestes tant jouer.

Un souffle, un soupire, et enfin tu passes les portes du Central. Tu as attendue que la cohue général s’estompe un peu pour faire ton apparition, et tes yeux regardent partout autour de toi comme si tu visitais cette endroit pour la première fois. Un peu paniquée, agoraphobe, tu te fraye un chemin dans les plus petite ruelles pour éviter le monde, car tu ne veux pas qu'ils te voient, encore moi dans cet état. D'ici, tu entend tout les gens, heureux de se retrouver, ou non, crier et s'exclamer dans les rues adjacentes, mais tu fuis jusqu'à ton château ou tu te changes illico. Déjà tu te sens mieux, le rose de ta robe te piquant les yeux, tu la ranges vite fait, en boule dans un coin pour ne plus la voir. tu ressort alors de ce château, cette fois-ci libérée, et tu cherches instinctivement des yeux quelques têtes que tu pourrait connaître. Non, ta popularité légendaire dans les jeux n'est pas vraiment retranscrite dans la réalité, et heureusement pour toi, car tu déteste ça. Puis tu sursautes, te retourne et plonge ton regard dans celui qui était si proche et pourtant si loin de toi pendant tout ce temps. « ADAM! tu m'as tellement manqué putain.. C'était tellement horrible, d'être si proche de toi et de rien pouvoir faire. C'était horrible, pendant ces quatre mois... ». Et il te souris, chuchote que tu lui as manqué, que le supplice était partagé. Vos lèvres se rencontrent alors, et ton sourire reviens alors que tu lis tes doigts aux siens, pour partir dans les rues quelques minutes après.

Alors que ton bien-aimé change finalement de route, tu continue à errer dans les rues, jusqu'à voir une tête blonde que tu connais que trop bien. Avec un sourire malsain, tu vas t'asseoir sur le banc à côté d'elle, en lui offrant le plus magnifiques des sourires hypocrites. « Ohh, tiens, Inezia, qu'est ce que tu m'as manqué. J'espère que tu vas bien? Et que ta clique de dégénéré du cerveau du O'Waluigi vont bien aussi? » Tu clignes des yeux tel la princesse que tu n'es pas, la provoquant du regard.

Enfin ce n'est pas trop tôt, quatre mois ! Oui quatre mois à être bloqué dans son jeu, heureusement qu'il était dans plusieurs jeux de la saga. Au moins ça lui permettait de varier un peu dans son scénario, ça n'avait pas été facile tout le temps. En faite ça dépendait du joueur qui le contrôlait quand c'était un débutant, ça avait tendance à faire mal, parfois, il se faisait tuer par un zombie ou une arme bactériologique. Ou parfois il se faisait tuer par ce zombie bizarre avec sa tronçonneuse, résultat plus de tête. Heureusement pour lui, ce n'était qu'un jeu vidéo, donc à chaque fois le joueur recommençait d'un certain point. Par contre avec certains, il avançait à une sacrée vitesse, esquivait les attaques. Ce qui était dur, c'était de croisé certains de ses amis avec qui il entretient une relation différente sans pouvoir agir d'une autre manière. Il aimait son jeu, mais aussi longtemps, c'était dur et ce n'était pas de tout repos. Le voilà enfin de retour avec tous ce temps, ça ne devait pas être le seul à être soulagé. D'ailleurs, quand il fut sortit du central, il aperçut d'autres personnages, c'était bien d'être enfin au calme. Il n'avait pas peur de voir surgir un zombie de nulle part, un truc qui était bien dans son jeu, c'était qu'il avait plutôt un meilleur physique, même s'il se sentait bien dans sa peau. Pour le moment, il ne voyait personne venait de son jeu, c'est bien dommage, il aurait aimé voir sa jolie Claire qui est sa partenaire dans le deux. Alors que tout le monde pense qu'il craque pour la jolie Ada, d'accord, elle est plutôt canon, mais pour lui c'est juste une amie, rien de plus. Le jeune homme va pouvoir reprendre son travail au central, oui il était flic, c'était drôle sachant que dans son premier jeu, c'était le cas. Mais bon, il aimait venir au secours des autres et puis il se débrouillait pas.

HJ: